17 Septembre 2018
Inclusivité de l’élection présidentielle : appel général à la participation de Moïse Katumbi
Après avoir empêché Moïse Katumbi de se porter candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre prochain, le pouvoir congolais a lancé le 16 août un mandat d’arrêt international contre lui. Alors que le monde entier appelle Joseph Kabila à prévoir des élections inclusives et transparentes, cette nouvelle mascarade apparaît comme une énième tentative pour battre en brèche l’accord de la Saint-Sylvestre, pivot du processus électoral en RDC.
Non content d’avoir refoulé par deux fois notre président au poste-frontière de Kasumbalesa les 3 et 4 août derniers, le pouvoir a décidé de le placer sous le coup d’un mandat d’arrêt international, l’accusant d’être un fugitif n’ayant jamais voulu rentrer dans son pays où la police était prête à l’arrêter. Une provocation d’autant plus forte que la mise à l’écart de Moïse Katumbi du processus électoral pour la présidentielle du 23 décembre a suscité une indignation internationale.
Dénonciation unanime
Avant même le 8 août, date de clôture des dépôts de dossiers d’inscription, les instances diplomatiques, les organisations régionales, les pays voisins, mais aussi l’Union européenne et la Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco) se sont exprimés d’une seule voix pour dénoncer ce coup de force, foulant aux pieds les principes de l’accord de la Saint-Sylvestre. Dans un communiqué daté du 6 août, la Cenco fustige ainsi le « traitement ségrégationniste » réservé à notre président, « sujet congolais, à qui les autorités refusent l’entrée dans notre pays, en l’obligeant de rester à l’étranger » et demande aux autorités congolaises de « revenir sur leur décision en laissant notre compatriote entrer au pays et déposer sa candidature comme tous les autres candidats ».
Le même jour, l’Union africaine se prononçait sur le processus électoral en cours en RDC. Si le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat « note avec satisfaction » l’engagement de Joseph Kabila à respecter la Constitution et organiser les élections législatives, locales et présidentielles à la date prévue, l’organisation en appelle à un scrutin paisible, transparent et « véritablement inclusif ». Une position clairement partagée le 17 août sur RFI par le nouveau président en exercice de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), le Namibien Hage Geingob : « Il faut que les élections soient inclusives, qu’elles soient transparentes et que les leaders de l’opposition aient leur mot à dire ».
#Namibie #SadcSummit : @hagegeingob, le tout nouveau président en exercice de la Sadc, est l’invité @RFI ce samedi. Teaser #RDC : « Il faut que les elections soient inclusives, qu’elles soient transparentes et que les leaders de l’opposition aient leur mot à dire » #ànepasrater pic.twitter.com/wrf7BZjKdy
— Sonia Rolley (@soniarolley) August 17, 2018
https://twitter.com/dw_francais/status/1025428682846994432
#DRC. Commend President Kabila for announcing his intention not to run with the selection of Minister Shadary as the party candidate. Now allow @moise_katumbi to return to compete among the other candidates. In a free and fair process, let the people choose!
— Linda T-Greenfield (@LindaT_G) August 8, 2018
I join Ramaphosa and Obiang in lauding Kabila for adhering to the #DRC constitution. Nevertheless, credibility of the 12/23 election can only be assured if he allows @moise_katumbi to become a candidate, and replaces CENI President Nangaa with a distinguished neutral person.
— Herman J. Cohen (@CohenOnAfrica) August 14, 2018
Pression internationale
Même bémol de la part de Manuel Domingos Augusto, ministre angolais des Relations extérieures, qui a déclaré le 15 août sur RFI : « Le manque d’inclusivité, c’est toujours mauvais : on espère que les acteurs politiques de RDC vont tout faire pour éviter des sources de perturbation d’un processus normal ». L’ancien président malgache, Andry Rajoelina, va un cran plus loin : « Refuser le retour de Moïse Katumbi dans son pays est une forme de dictature. On ne peut pas empêcher un citoyen de rentrer chez lui ».
Même Jean-Pierre Bemba, autre poids-lourd de l’opposition, a dénoncé l’injustice infligée à notre président, reconnaissant publiquement qu’un scrutin sans sa participation serait biaisé vu sa popularité. Dans une déclaration commune, les leaders de l’opposition exigent la « levée immédiate et sans condition » de l’interdiction faite à Moïse Katumbi de rentrer en RDC ainsi que son retour « dans son pays pour qu’il participe à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 ».
Autre prise de position inattendue en sa faveur : celle du président du Sénat en RDC. Le 21 août, Léon Kengo wa Dongo déclarait sur RFI : « Je suis pour que Moïse Katumbi rentre et se présente (…) L’exclure, c’est avoir peur qu’il se présente et qu’il puisse être élu. »
C’est dans ce contexte de pression internationale que Joseph Kabila a annoncé le 8 août sa décision de ne pas se représenter à la prochaine élection présidentielle. « Le retrait de la Joseph Kabila de l’élection présidentielle n’est qu’une victoire d’étape. Le combat pour les élections conformes aux normes démocratiques les plus élémentaires et aux standards internationaux comme prévu dans la feuille de route de l’accord de la Saint-Sylvestre demeure », nuance la déclaration commune de l’opposition. De son côté, Ensemble a saisi le Conseil d’Etat le 10 août afin de débloquer la situation.


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